Les « Mardis de Descartes », le 17 décembre 2024
Conférence du préfet de police : Abderrahmane EL YOUSFI ALAOUI
Lors de cette conférence, le Préfet de Police a mis l’accent, d’une part, sur les investissements de la DGSN en ressources humaines mais aussi en équipements techniques et scientifiques dont dispose cette institution dans le domaine de la police technique et scientifique, et d’autre part, sur les avancées remarquables réalisées par cette dernière depuis quelques années. Il a souligné que l’objectif de cette institution sécuritaire est l’investissement dans la science et la technologie pour accomplir ses missions en matière du maintien de l’ordre public, de la protection des libertés individuelles et collectives, mais aussi la protection des personnes et de leurs biens. Ces moyens sont aussi utilisés pour garantir les droits des personnes poursuivies par la justice en administrant des moyens de preuve scientifique irréfutables.
Après avoir présenté ses remerciements à l’administration du Lycée Descartes d’avoir associé la DGSN à ce cycle de conférences baptisé les « Mardis de Descartes », le Préfet a donné un bref aperçu sur l’histoire de la police technique et scientifique de la DGSN en signalant que le premier laboratoire national dans ce domaine date de 1965. Ce laboratoire de police technique se chargeait à l’époque de l’identification des personnes sur la base des empreintes digitales, les expertises des armes à feu et munitions et les expertises des documents administratifs comme les passeports, les cartes d’identité et la fausse monnaie. Cette discipline a connu une évolution progressive jusqu’en 1995, date où la DGSN a créé un laboratoire de police scientifique à Casablanca dont l’objectif consistait à compléter le travail effectué par le laboratoire de police technique de Rabat, avec le recrutement de plusieurs cadres multidisciplinaires qui procédaient à des expertises biologiques, chimiques, toxicologiques et physiques.
Le préfet de police a précisé qu’à la suite des attentats terroristes survenus à Casablanca en 2003, la stratégie nationale en matière de lutte contre le terrorisme a concentré son travail sur les deux ponts suivants : sur le volet législation, le ré-encadrement du champ religieux, il y a eu une mise en place de l’initiative nationale du développement humain ayant sauvé, et qui continue jusqu’à présent de sauver, des personnes de la précarité. Sur le volet sécuritaire, la police technique et scientifique a connu une révolution par sa restructuration de fond en comble pour pouvoir faire face à des événements de grandes envergures comme les attentats terroristes ; et ce notamment en accordant plus d’importance au travail effectué par les services de l’identité judiciaire dont la mission principale consiste à gérer les scènes d’infraction et donner aux laboratoires les traces et indices qui peuvent déterminer l’identité des auteurs des crimes.
Le conférencier a ajouté que le plan d’action mis en place, et qui a été adapté de nos jours à la nouvelle stratégie de la DGSN, a permis aujourd’hui à cette dernière d’avoir des équipes de l’identité judiciaire dans les différentes villes du Royaume y compris les plus petites d’entre elles où il y a des commissariats de circonscription et dont le travail ne se limite pas à intervenir en cas de crime grave, mais à chaque fois que les personnes ou leurs biens sont touchés par un acte transgressant la loi pénale.
Dans son exposé, le préfet de police, et avant de mettre le point sur la place de premier plan qu’occupe aujourd’hui la preuve scientifique, a d’abord fait une comparaison entre l’administration de la preuve en matière civile et pénale où la charge incombe à la partie poursuivant le ministère public, et se base principalement sur la preuve scientifique caractérisée par sa certitude et sa crédibilité.
Par la suite, il a traité de façon détaillée les différentes composantes de la chaine criminalistique adoptée par la DGSN comme suit :
Le volet du travail sur les scènes de crime où la DGSN a beaucoup investi en mettant en place de façon progressive des équipes de techniciens de scènes de crime qui ont pour mission d’accompagner les enquêteurs et de faire les investigations techniques permettant de nos jours de découvrir toutes les traces de l’auteur sur les scènes de crime. Ces équipes dont le nombre est de 131 ont été créées pour servir le citoyen et lutter contre la criminalité avec des moyens modernes.
Le deuxième volet est celui du système de traçabilité des pièces à conviction mis en place par la DGSN en 2016 ; un pas anticipatif de la DGSN pour garantir la crédibilité des éléments de preuve que la police scientifique fournis aux enquêteurs. Ces services au nombre de 23 sont équipés de tous les moyens nécessaires pour préserver les preuves, les conserver convenablement, et les acheminer aux laboratoires de la DGSN.
Le dernier volet est celui des laboratoires de police technique et scientifique : le préfet de police a mis l’accent sur les avancées réalisées dans ce domaine, en précisant d’abord que les laboratoires relevant de la DGSN disposent d’équipes multidisciplinaires de cadres, des dizaines de docteurs, d’ingénieurs et de techniciens bien formés, d’équipements de pointe pour procéder aux analyses et expertises dans les différents domaines criminalistiques existants dans les laboratoires des pays développés. Il a aussi mis l’accent sur les réalisations récentes, notamment la création d’un nouveau siège du Laboratoire de police scientifique de Casablanca, un bâtiment moderne conçu selon les normes recommandées en la matière, et qui a été accrédité selon la norme ISO 17025, l’habilitant à faire des analyses reconnues à l’échelle internationale.
Par la suite le conférencier a évoqué l’apport des différentes expertises techniques et scientifiques effectuées par les experts de la DGSN. Il a ajouté que la DGSN a un programme de généralisation de cette accréditation à plusieurs services de la DGSN dont les services de l’identité judiciaire qui disposent actuellement de plusieurs volets d’accréditation, notamment les modules de formation, les protocoles de travail très avancés, les guides et les procédures.
Le préfet de police a terminé sa présentation par des cas traités, en illustrant comment la police technique et scientifique, techniciens de scène de crime et experts des laboratoires, ont contribué à solutionner ces affaires complexes.
Après cet exposé, les deux cadres de la DGSN, Abderrahmane EL YOUSFI ALAOUI et le commissaire principal Zakaria EJJALTI, ont répondu aux multiples questions de l’audience qui portaient principalement sur la stratégie de la DGSN en matière d’intégration de l’intelligence artificielle, le profilage, les différentes utilisations de l’ADN, le rôle des empreintes digitales et des traces numériques en matière criminelle, la coopération internationale, l’ouverture de la DGSN sur son environnement externe, la médecine légale, etc.
Synthèse, Ali EL YOUSFI ALAOUI